La féminisation du sport et la démocratisation de certaines disciplines qualifiées auparavant de « masculines » (CrossFit, Rugby, Boxe…) a mis en lumière une autre image de la femme et de de son corps.
Peu à peu, les stéréotypes reculent et il est aujourd’hui plus facile d’accepter un corps féminin au naturel avec ses formes, ses muscles, imperfections et stigmates du vécu. Un pivot qui met en lumière les notions de d « ’empowerment » et de « body positive ».
Le muscle, bastion de la masculinité?
Les femmes se sont longtemps heurtées aux représentations stéréotypées de leur corps, dictées ou relayées par les institutions, le corps médical et la société. En a découlé une vision très étroite de la pratique sportive pour les femmes et les filles (douceur, souplesse, gracilité..).. laissant les valeurs d’indépendance, force, puissance, performance, musculature) à la masculinité hégémonique.
Une Loi en 1882, donne d’ailleurs les objectif aux cours d’éducation physique : « l’école primaire peut et doit faire aux exercices du corps une part suffisante pour préparer et prédisposer (…) les garçons aux futurs travaux de l’ouvrier et du soldat, les jeunes filles aux soins du ménage et aux ouvrages des femmes ».
Pourtant, des chercheurs de l’université de Cambridge ont montré que les femmes du Néolithique jusqu’à l’âge du Fer présentaient une musculature largement supérieure à toute les femmes modernes.. y compris celles pratiquant de l’aviron à haut niveau. Cela était notamment lié aux activités pratiquées : chasse, pêche, constructions, déplacements fréquents…L’idée qu’une « femme » ait un corps fin et fragile, en opposition avec un corps masculin fort et athlétique est donc une construction culturelle
Du corps « performances »..
Il y a quelques années encore, les jeunes des pôles Espoir / France étaient recrutés en premier lieu selon des critères physiques bien déterminés. Ces sélections ont brisé des carrières mais ont également eu des impacts psychologiques dramatiques, surtout sur les jeunes filles. Il n’est pas rare d’entendre que d’excellentes gymnastes ou danseuses jugées un peu trop rondes se soient soumises à des régimes drastiques au péril de leur santé….
L’évolution des mœurs et l’empirisme dans le milieu sportif notamment ont permis d’affirmer qu’il n’existe pas réellement de modèle ou de normalité en matière de performance. Exit les « trop » / « pas assez » (mince, plantureuse, grande, musclée…). Le travail, la préparation physique et mentale sont bien plus importantes. Ainsi, certains athlètes ont réussi à percer et battre des records dans leurs disciplines malgré un physique inattendu.
Si bien que les activités sportives ont de moins en moins de territoires sexués : le rugby, le foot, la boxe, le CrossFit sont de plus en plus pratiqués par des femmes alors que la danse, la gymnastique attirent aujourd’hui des hommes. Et ce quel que soit le physique originel ou la condition physique.
…au Body Positive
Le mouvement du Body Positive, qui trouve son origine en 1996 s’inscrit dans cette idée en mettant notamment en garde sur les dérives des réseaux sociaux prônant les dérives totalitaristes du tout healthy qui ont eut pour effet d’induire des troubles du comportement alimentaire restrictifs (anorexie, boulimie, orthodoxie, bigorexie) chez des personnes fragiles.
Connie Sobczak et Elizabeth Scott, les deux fondatrices parlent d’une « communauté vivante et thérapeutique qui libère des messages sociaux étouffants maintenant les gens dans une lutte perpétuelle contre leur corps ». Le Body Positive rejette la marginalisation grâce à son #ThereIsNoWrongWayToBeAWoman : il n’y a pas de mauvaise façon d’être une femme.
Et le CrossFit dans tout ça?
Nul doute qu’en tant que pratiquant(e), coach ou gérant nous contribuons tous aujourd’hui à notre manière à revendiquer non pas une mes des féminités et la plus grande hétérogénéité possible des corps féminins. La plupart des box comptent aujourd’hui entre 40 et 50% d’athlètes femme qui viennent chaque jour pour repousser leurs limites.
Peu d’entre elles voient le changement de leur physique comme un point bloquant dans leur pratique. Elles découvrent une nouvelle version d’elle-même, plus forte et sereine que jamais et s’entraînent aussi dur que les hommes, avec les mêmes modalités. Jamais un sport n’a été aussi égalitaire.
A la recherche de la mesure et du « meilleur » soi
De nombreuses athlètes (dont beaucoup sont déjà tombés dans le piège des excès en tout genre (sur-entrainement, diète restrictive…) alignent leur discours en mettant en la santé en avant de toute chose. Celle-ci placée au sommet de la pyramide des objectifs qu’ils poursuivent.
Du changement d’appréhension du corps de la femme par le muscle au Body Positive, ces petites révolution des diktats ont un effet boule de neige dans la vie courante.
La beauté d’une personne est désormais étroitement liée à notion de santé, de vitalité, de bien être et d’épanouissement. Elle se mesure davantage à des paramètres physiologiques que physique et c’est une très belle avancée.
THEBERGE, N. (1985). Toward a feminist alternative to sport as male preserve. Quest.
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